En Asie ....
L'Inde et, plus encore, la Chine sont appelées
comme « les poubelles high-tech de la planète ». Eux-mêmes grands consommateurs d'ordinateurs et
d'appareils électroniques ; ces deux pays pourraient bientôt crouler sous les déchets toxiques.
Un scénario que le projet suisse 'eWaste', (Déchets électroniques) cherche à éviter en diffusant son
savoir-faire sur le recyclage des déchets informatiques.
Elle est bien sale, la prétendue économie de l'immatériel et son vecteur
l'informatique. L'industrie des ordinateurs est en vérité très polluante … il faut :
- 290 kg d'énergie fossile,
- 22 kg de produits chimiques et 1500 litres d'eau pour produire un ordinateur fixe.
Alors que fabriquer un réfrigérateur ou une voiture consomme une ou deux fois
son poids en énergie fossile … un ordinateur ingurgite dix à douze fois son poids en pétrole !!
Et plus il est petit et léger, plus il faut d'or noir pour le façonner.
Une puce de 2 grammes exige 1,6 kg d'énergie fossile pour sa fabrication,
soit 600 fois son poids. Les ordinateurs et tous les produits électroniques et électriques (téléphones,
téléviseurs) posent aussi de graves problèmes en fin de vie.
Les exportations de déchets informatiques et électroniques interdites par la
Convention de Bâle - qui réglemente les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux - ,
prolifèrent pourtant, en particulier au départ des Etats-Unis, seul pays avec l'Afghanistan et Haïti à
ne pas avoir ratifié cette convention.
En attendant qu'ils le fassent, la Suisse exporte son savoir-faire en recyclage
de ce type de déchets. Sous l'égide du Département d'Etat à l'économie (Seco), des chercheurs du
Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa) collaborent avec des groupes de
travail en Inde et en Chine dans le cadre du projet ‘eWaste’.
Les Etats-Unis sont le principal fournisseur actuel de déchets électroniques
dans le monde, mais ils céderont bientôt leur place à la Chine et à l'Inde.
De fait, de 1993 à 2000, la Chine a enregistré la plus forte
croissance du nombre d'utilisateurs d'ordinateurs par habitant: +1052%.
L'Inde arrive ensuite avec 604%
de hausse (la moyenne mondiale atteint 181%).
LE SECTEUR INFORMEL INDIEN
En Inde, le recyclage d'appareils électriques et électroniques emploie une
énorme main-d’œuvre.
Rien qu'à Delhi, au moins 10 000 personnes vivent de cette activité.
Le travail est minutieux: les pièces des appareils sont démontées une à une. Celles qui sont
fonctionnelles ou réparables sont revendues, par exemple à de petits entrepreneurs.
Nous avons des choses à apprendre des Indiens, qui eux ont une stratégie admirable de réutilisation maximale des composants.
A la fin, ne restent plus que des objets inutilisables dont il s'agit de récupérer les matériaux.
Mais à ce stade, les manipulations peuvent être très dangereuses. Des métaux
lourds (plomb, mercure, cadmium, baryum, béryllium, chrome), des dioxines, des acides et d'autres
substances toxiques libérés durant ces manipulations attaquent la peau, les voies respiratoires, les
muscles, les reins, le système nerveux, déclenchent des cancers, perturbent les grossesses et
affaiblies la croissance des populations.
La volonté du gouvernement indien est de supprimer les étapes les plus
dangereuses et de garder au maximum ces emplois.
A bannir en priorité: Les feux en plein air
Ils dégagent des gaz très toxiques. Les chercheurs proposent de
déplacer les étapes impliquant une combustion vers des lieux équipés pour les assumer.
Pour dissuader les petites recycleries de fondre les fils de cuivre, par exemple,
des chercheurs étudient les moyens de faire diminuer le prix du cuivre fondu. Les petits recycleurs pourront
continuer de s'occuper des gros câbles qu' ils peuvent éplucher à la main, mais il sera plus
intéressant pour eux de brûler les câbles plus fins. Ils pourront les donner aux fonderies équipées
pour les brûler.
Deuxième source de pollution urgente à traiter : Les bains acides
Les chercheurs essaient d'équiper les petits recycleurs avec la
technologie nécessaire pour réaliser ces bains sans polluer le sol ni l'eau et sans menacer la
viabilité économique de leur entreprise.
LA CHINE VISE HAUT
A Pékin et dans toutes les grandes villes chinoises, le réseau informel
de collecteurs de déchets électriques et électroniques, bien organisé, paie pour obtenir les appareils
hors service.
Seul le démantèlement initial a lieu dans la région, les autres étapes se
concentrent dans les provinces de Guangdong et Zhejiang, sur la côte de la mer de Chine.
Le travail est de moindre qualité qu'en Inde, car on voit beaucoup de chasseurs d'or et de métaux
précieux fouiller dans les tas d'appareils.
Homme qui enlève des matériaux très dangereux d'un ordinateur.
La province de Zhejiang souhaite se doter d'une filière de recyclage
automatisée. Elle veut attirer des investisseurs privés pour fonder une industrie
lourde du recyclage.
La Convention de Bâle que la Chine a approuvée autorise en effet les
exportations de déchets dangereux, si le pays récepteur prouve qu'il peut les traiter correctement.
Après avoir conquis le marché de la fabrication d'appareils électroniques et
électriques, la Chine compte se positionner dans l'industrie du recyclage.
En Chine, 'eWaste' joue le rôle de conseiller technique du gouvernement de la
province de Zhejiang pour créer de toutes pièces une filière de recyclage industriel.
UN MODÈLE SUISSE
En 1994, la Suisse s'est dotée d'un système pour gérer les déchets informatiques
qui repose sur une taxe obligatoire sur l'achat de tout appareil électrique et électronique.
Grâce à cette taxe, les deux associations à l'origine de ce système, Swico et
Sens, rémunèrent les travaux de collecte, de transport et de recyclage des entreprises agréées.
La vente des produits de récupération, surtout le cuivre et l'or, finance le
reste des coûts. L'Empa héberge le contrôle technique de ce dispositif.
Pour se débarrasser d'un appareil, son utilisateur peut le rapporter chez
n'importe quel marchand. Qu'il ait été acheté en Suisse ou à l'étranger, qu'il soit d'une marque qui
n'existe plus ou qu'il appartienne à un fabricant qui n'a pas signé l'accord, tout appareil est repris.
C'est ainsi que, en 2003, 75% des matières ont pu réintégrer le cycle des
matières premières. Et que la Suisse jouit d'une expérience du recyclage des «e-déchets» unique au
monde.
Mais le but n'est pas d'exporter le modèle helvétique (suisse) tel quel ailleurs. ‘E-Waste’ facilite les
contacts entre industriels de l'informatique, organisations non gouvernementales et gouvernements et, avant tout, offre ses conseils pour
élaborer une politique nationale de recyclage.
Dans la mesure du possible, il s'agit de construire à partir de l'existant,
comme en Inde et en Chine.
CENTRE DE COMPÉTENCES
Pour l'heure, le programme ‘eWaste’ se concentre sur le recyclage.
A l'avenir, il voudrait aussi s'attaquer à un autre domaine clé: le marché de
l'occasion …
Environ 80% des nuisances écologiques d'une voiture ont lieu lors de son
utilisation. Avec l'industrie informatique, 83% des nuisances ont lieu pendant la fabrication.
Le mieux est donc de prolonger au maximum la durée de vie des ordinateurs…
Amoncellement de claviers d'ordinateur ainsi que de téléphones pour étre jetés.
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